C’est donc reposé, malgré une dernière nuit en tente sous une pluie battante, que nous terminons en fin de matinée notre rando de 5 jours.

Nous avions déjà sondé les marcheurs rencontrés ces quelques jours sur leur moyen de transport pour rejoindre la ville la plus proche Takaka. Personne n’ayant de voiture, nous avons fait comme eux: payer une navette pour aller à Takaka à un prix élevé, mais pas d’autre choix.
Une fois arrivés dans le petit centre, nous reprenons le stop.

Un américain de San Francisco, Gregory nous conduit jusqu’à la prochaine grande ville Nelson. Et là ce trajet passe tout seul, vite. Le courant passe très bien avec notre chauffeur, qui s’intéresse à beaucoup de choses. Lui est maitre de chai, il travaille dans un restaurant de San Francisco et est en Nouvelle Zélande pour rencontrer de nouveaux producteurs. Etant en abstinence de vin depuis notre arrivée en NZ, nous lui demandons conseil. Ma compréhension de l’anglais est un peu lente, il fait beaucoup d’efforts pour parler doucement et distinctement. Une fois qu’il nous dépose à un rond-point à la sortie de Nelson, on se dit qu’on aurait aimé continuer d’échanger avec lui, mais bon, c’est le jeu ! Surtout qu’on ne savait pas ce qui allait nous attendre, c’est-à-dire l’attente sous un cagnard.


Ce rond-point où on a vu passé des milliers de voitures a été un moment un peu difficile. On a attendu plus de 3 heures avant qu’un gentil monsieur et sa copine nous amènent à une vingtaine de km plus loin. Il nous dit en nous prenant qu’on n’était pas dans un bon endroit pour faire du stop, que personne ne s’arrête ici, sauf « les trous du cul » comme lui ! Ça nous a redonnée le sourire. Et là, gentil jusqu’au bout, il m’a déposé avec les sacs dans un camping gratuit et a conduit Marc plus haut dans le village pour faire des courses. On a vite oublié ces longues heures d’attente, et on se redit encore une fois qu’ils sont sacrement aidants ces kiwis. Pour fêter cette fin de rando et cette longue journée, Marc achète du vin conseillé par Gregory.

Le lendemain, nous continuons notre descente vers le côte ouest, et là s’arrêtent nos copains franco-italien qui voyagent en van, et une amie à eux, qui voyage avec sa propore voiture. Nous voilà embarqués avec elle qui a de la place, et qui avait déjà une autre autostoppeuse dans sa voiture.

Le voyage est sympa, nous traversons des étendus de forêts, de rien, de bleds aussi petits et paumés les uns que les autres, dans une ambiance très far west. Nous assisterons même à une répétition en plein air de cornemuse. Pendant que les hommes s’entrainent, leurs femmes picolent, un drôle de tableau, on apprend qu’il y a un concours dans le nord dans quelques jours. Nos copains connaissent un camping pas cher, avec une douche et une laverie. Je précise douche car depuis maintenant 7 jours, nous sommes en abstinence de douche. Le camping, où plutôt l’étendu de pelouse est dans un bled vraiment paumé au milieu de nulle part. La douche et le lavage de nos habits sont plus qu’appréciés. On passe un bon moment avec Andrea, Bea et leur amie Nicole.

Le lendemain, pendant que nos copains prévoient leur parcours, nous décidons d’avancer de nouveau en stop. Une femme d’une quarantaine d’années nous emmène sur l’axe principal pour rejoindre Franz Joseph. Elle est institutrice et travaille avec des enfants autistes, elle est de bonne humeur, ce qui rend le trajet et les échanges agréables.

Un homme qui a déjà pris un autostoppeur nous avance.

Nous sommes en train d’attendre quand une fille, jeune, se colle littéralement à nous pour faire du stop, on lui dit gentiment qu’à 3, ça risque d’être compliqué. Elle a du mal à comprendre et nous dit qu’elle va plus loin. Sauf qu’elle va se mettre à 200 mètres devant nous, et se fait prendre avant nous. Plutôt nul, surtout qu’il commence à pleuvoir. On ne se démoralise pas et on garde le sourire pour les prochaines voitures.

Un van s’arrête et un chinois nous conduit plus loin (on ne sait pas très bien où mais vu qu’il n’y a qu’une route, ça ne peut que nous avancer). Déjà, c’est plutôt marrant d’entrer dans sa voiture car il nous fait de la place pour nous installer… tous les deux à l’arrière. On se dit qu’il n’a pas envie de parler, ça nous va aussi ! Mais finalement pas du tout, il a envie de parler, mais il parle tout bas. Il s’appelle Yichen, il est originaire de la région de Pékin. Il nous explique qu’il est étudiant en NZ depuis 4 ans, en photo. Actuellement il travaille sur un projet qui consiste à photographier tout en racontant l’histoire de la côte ouest de la NZ. Mais comme ça ne marche pas très bien et qu’il n’arrive pas à vendre ses photos, il nous en donne 2. Il semble moins timide avec Marc qu’avec moi. Il s’arrête à plusieurs endroits, pour nous montrer et nous expliquer des lieux de la région, comme une ville composée de plusieurs mines d’or qui ont fermé récemment et ont laissé plus de la moitié de la population sans emploi. Il nous dépose à une trentaine de km de notre objectif, dans une ville vide de vie où passe très très peu de voitures. Nous retrouvons nos copains Bea et Andrea qui cherchent un endroit où dormir.

Petite parenthèse, en NZ la plupart des touristes voyagent en van, mais le gouvernement a durci la règlementation notamment pour le stationnement. C’est-à-dire qu’il est bien souvent interdit de dormir dans son van où on veut. Soit les vans vont dans des campings comme nous, payent pour stationner, soit il existe des parkings ou spots gratuits pour garer son van une ou deux nuit. Si le van est garé à un endroit interdit, c’est environ 150 euros d’amende, ça ne rigole pas.

Donc nous nous retrouvons là tous les quatre, personne ne sachant où dormir. Un adorable petit couple Sri Lankais nous demande où on va, nous précisant qu’ils n’ont que 3 places dans leur voiture. On leur dit qu’on est que 2, que nos copains sont véhiculés et ils nous embarquent donc pour arriver à notre destination. On les trouve d’une gentillesse réservé et timide. Ils nous expliquent qu’ils vivent en Australie, qu’ils sont en NZ pour deux semaines de vacances, et tous ce qu’ils nous disent nous enjouent. C'est peut-être la fatigue. Contrairement aux bus en Amérique du Sud où je pouvais siester quand je voulais, c’est-à-dire régulièrement, en stop je n’ose pas. C'est aussi de la joie car on atteind notre destination avant la tombée de la nuit et on est sous le charme de ce petit couple.

On arrive donc à Franz Joseph sous la pluie et on décide d’aller en auberge pour les deux prochaines nuits. On se retrouve dans une auberge vraiment sympa, en dortoir toujours au vue des prix en chambres doubles, mais nous serons seuls la première nuit. L’endroit est reposant, propre, il y a un spa, un gros petit déjeuner avec des gaufres à volonté!

Le lendemain on va voir ce glacier avec Bea et Andrea. Il ne fait pas beau, mais on y va quand même. Le chemin pour y aller est touristique, on y retrouve notre petit couple Sri Lankais qu’on va saluer, on les prend en photos, et eux font de même. On aperçoit le glacier qui est à 800 mètres de nous. Bon on se dit qu’après le Perito Moreno en Argentine, les autres glaciers vont peut-être nous décevoir. Et celui-ci nous déçoit un peu en effet. Surtout que tout du long nous entendons le bruit des hélicoptères qui survolent et se posent sur le glacier.

Ça nous ennuie, ça fait du bruit, mais quand même au fond, on aimerait avoir 300 euros à dépenser facilement pour faire un tour.

Le reste de la journée, il pleut, c’est dimanche, on glande, Marc va au spa, on discute avec nos copains, on mange de la soupe, on profite de la douche chaude, car on ne se sait pas quand sera la prochaine et on propose à Andrea et Bea d’utiliser la douche et la cuisine de l’auberge aussi, discrètement.

Une après-midi sous un temps maussade, mais au chaud et en bonne compagnie avant de reprendre la route du Sud.