L’arrivée au Vietnam ne semble pas si différente sur la qualité des routes.

Mais une fois les premiers kilomètres parcourus et arrivés à la première ville, on ressent vite qu’il y a davantage de monde. En effet, on passe d’un premier pays à 7 millions d’habitants à un autre avec plus 90 millions. Et bien le contraste se fait sentir. On n’est plus seuls, les camions, les bus, les scooters vont et viennent dans tous les sens, et ce sans discontinuer. Alors comme en Birmanie, les gens klaxonnent, mais ici, on comprend vite pourquoi et comment ils le font. Au début, ça surprend, on sursaute même, pour moi ce n’est pas grave, mais pour Marc, ça nous vaudra quelques petits écarts lors de nos premiers kilomètres. Donc l’utilisation du klaxon est pour prévenir qu’on va dépasser. On s’y habitue rapidement, après quelques jours, on ne se retourne plus, de toute façon, ici sur la route c’est uniquement devant que ça se passe, vu qu’il n’y a aucun stop nulle part, ça arrive souvent de tous les côtés. C’est quand on nous double sans klaxonner que ça nous surprend le plus maintenant.

Et lorsqu’un camion double un autre camion, en face, il klaxonne, plus pour nous signifier de nous pousser pour qu’il puisse finir son doublement. Priorité ici au plus gros et au plus rapide, sur les grands axes. Dans les villes c’est une autre histoire, et on le verra à Hanoi notamment.

Bref, première de conduite expérience avant de rejoindre la ville d’Hoi An et on a survécu.


L’autre grande surprise à notre arrivée ce sont les gens. Alors là aussi c’est différent de nos précédents pays en Asie du Sud-Est.

Ils semblent contents de nous voir, des jeunes, des vieux, des moyens nous font des signes de la main, nous saluent. On pourrait presque penser qu’ils nous attendaient. On est alors nous aussi contents de les voir.

La plupart des gens rencontrés sur la route nous avait prévenu que les Vietnamiens n’étaient pas des plus accueillants et des plus aimables. Notre première impression est plutôt positive. On s’arrêtera une petite nuit juste après la frontière dans une petite ville avant de rejoindre Hoi An. Là aussi les paysages changent beaucoup, les champs de rizières sont toujours présents, il y a aussi du café, nous traversons quelques cols, les montagnes sont vertes peuplées d’une végétation dense, puis il y a toute cette population qui redessine les contours des paysages, avec ces routes souvent bordées de petites maisons et d’échoppes en tout genre.


A Kham Duc, la première ville étape, sans grand intérêt il faut l’avouer, on découvre (encore) une nouvelle monnaie, une nouvelle culture, une nouvelle langue. Le Vietnamien s’écrit en alphabet latin, ce qui dans un premier temps nous dupe, on pense naïvement pouvoir en comprendre quelques mots. Mais non c’est une langue monosyllabique, c’est-à-dire une syllabe un mot, mais le « a » peux se prononcer de 8 manières différentes, donc cela nous aide à faire des erreurs, parfois on nous comprend, souvent on nous dévisage avec un regard clairement interrogatif. Les gens justement aussi changent, ils sont moins réservés et bien plus tactiles que les laotiens. Lorsque je vais aller acheter de quoi prendre mon premier petit déjeuner, une petite mamie me parle en vietnamien tout en me caressant de manière bienveillante le bras. Je lui souris en lui disant que je ne comprends absolument rien. Cela n’a pas empêcher la « discussion » de continuer.


Nous rejoignons Hoi An dans l’après-midi sous une chaleur qui me rappelle la Birmanie. On prend une petite route pour éviter les camions. Là encore, nous traversons de nombreuses rizières, des rivières. Depuis la Birmanie, nous apercevons les différentes étapes de la production de riz à travers l’évolution des rizières. Totalement en friche d’abord, nous avons pu voir au Laos, les gens commencer à les désherber, à les arranger, à redécouper les petits chemins sur lesquels ils marchent lors de la production. C’est cela qui leur donne cet aspect souvent bien dessiné. On a aussi pu voir les personnes labourées chacune de ces rizières, parfois avec des bœufs dans les régions reculées, et, notamment au Vietnam, avec de jolis et énormes motoculteurs.

Les mises en eau sont aussi impressionnantes, avec ces étendues, où seul dépassent ces petits chemins de terre, et où les paysages montagneux se reflètent dedans. On dit que c’est le moment où les rizières ont un effet « miroir » (ils n’ont pas été la chercher bien loin celle-ci).

Toutes ces femmes aux chapeaux coniques dans les champs en train de faire leur semence à la main, feront aussi parties des belles images qui nous resteront.

Au Vietnam, certaines des rizières commencent en ce moment à être très verte (alors que d’autres sont justes désherber, chacun son rythme). Nous savons qu’il reste encore quelques mois (jusqu’à Septembre avant les récoltes) et donc quelques étapes, lorsque ces rizières justement commencent à passer du vert au jaune, ce qui donne un certain patchwork sur ces paysages montagneux en escalier. Tout ça pour dire que c’est juste du riz, mais que c’est vraiment très beau.


 Donc nous voilà à Hoi An où on se pose 5 jours. On vit lentement, en évitant de trop sortir l’après-midi et profiter davantage de la fraîcheur le soir. Le centre de la ville, composé de petites maisons coloniales jaunes et bleues est superbe. Les rues centrales sont piétonnes, ce qui apporte un peu de tranquillité aux bruits incessants des klaxons. 

La nuit, c’est encore une autre ambiance, toutes les lampes et loupiotes au-dessus des rues, des restaurants, des sites touristiques s’allument, et se reflètent sur la rivière. Le soir de pleine lune, une fois par mois, les allumages électriques extérieurs s’éteignent pour laisser place à ces lampes aux couleurs vives. L’ambiance est quelque peu féerique et rend cette ville encore plus photogénique.

Hoi An a vraiment beaucoup de charme malgré le grand nombre de touristes dans le centre la nuit. Et ce qui la rend encore plus agréable, la nourriture. On y mange très bien, surtout des fruits de mer et du poisson. A 7 km de la mer, il est également aisé d’aller à la plage et de manger de bons calamars, voir même des coques. Il est difficile de ne pas tomber sous le charme d’Hoi An.


On fera une balade dans un bateau en forme de noix de coco, entre la mer et la rivière pour voir des cocotiers d’eau. Étendu sur 7 HA de forêts de cocotiers immergés dans l’eau (nous en traverserons qu’une petite partie), où l’activité principale est la pêche notamment au crabe. Nous ne serons malheureusement pas seul à naviguer, une horde de touristes coréens (selon notre guide) est là avec leur musique à fond, à regarder un homme faire un show de danse dans sa barque en noix de coco pour avoir plein de pourboire à la fin. Mouais, ça enlève le côté sympa et tranquille de la balade.


Nous partirons également deux jours sur l’île de Cham, à 30 km d’Hoi An avec comme projet de ne pas y faire grand-chose. Nous mettons la moto sur le bateau, celui-ci étant bien rempli de deux roues, de caisses de bière et de nourriture et un cochon, tout le monde a le droit à un gilet de sauvetage ! Nous comprendrons par la suite pourquoi le bateau était si rempli.

A notre arrivée, c’est comme les bateaux noix de coco, une foule de gens qui me font rapidement regretter d’être venu. Mais en s’éloignant du port principal, on trouve un petit village au bout de l’île, parfait. Les touristes qui viennent jusque-là mangent le midi dans les deux restaurants et partent 2 heures plus tard. Notre hôte, nous indique une plage isolée car peu accessible. On grimpe sur les rochers pour y accéder et on fera notre première session de snorkeling (masque et tuba). Beaucoup de poissons aux couleurs aussi différentes que chatoyantes, des coraux jaunes, verts, violets, et même une rascasse ! On en prend plein les yeux.

Nous repartirons le lendemain matin plus loin avec un des amis du proprio en bateau ; là encore ce sera un émerveillement : des poissons clowns, des idoles des maures, des oursins de la taille de Marc (j’exagère), encore une rascasse. Les coraux sont encore plus colorés et nombreux. Tout cela pour 6 euros pour passer deux heures les yeux rivés vers le fond. Quand on pense qu’ils vendent la même chose à Hoi An 80 euros pour 35 minutes on apprécie encore plus.

Alors pendant ce voyage il arrive que l’on se fasse bien avoir, et il arrive que l’on trouve de très bons plans. On pense que ça s’équilibre.


Après ces belles émotions on ira à la fête du village qui réunit tous les jeunes, les moins jeunes les vieux, les moins vieux. Fête qui n’a pas eu lieu depuis 47 ans. D’où les enceintes énormes, les caisses de bières et les nombreuses personnes sur notre bateau à l’aller. Le village est en effervescence, les habitants mettent des ballons de baudruche dans l’eau dès le matin, mais deux heures après, ils sont dégonflés. Ça ne les démoralise pas car ils en remettent juste après. Plusieurs personnes feront un discours sur l’estrade montée et une sono grésillante avec en fond, projeté sur grand écran, le film le peuple migrateur ( ?!). Une piscine géante remplie de cannette de bière n’est pas loin. C’est une ambiance sympa et sonore. On rencontre deux tchèques, deux français et l’alcool de riz. Généralement on n’abuse pas trop des bonnes choses, mais là on a abusé. Après quelques verres, trois mots en vietnamiens, une baignade, d’autres verres, on est couché à 10 heures. Faut dire que sur l’île on mange à 17heures le soir, donc la soirée commence plus tôt.

Le lendemain, nous reprendrons le bateau, beaucoup moins chargé, et donc sans les gilets cette fois. Nous repasserons une soirée à Hoi an, qui est toujours aussi agréable à vivre avant de reprendre la moto et de repartir en direction du Nord vers Hué.