Après cette journée de rando, il est 15h30 et nous avons deux trois jours pour redescendre à Wellington pour ensuite prendre le bateau. Pas de stress.

On attend à peine 2 minutes qu’une famille allemande nous propose de nous emmener au bout de cette route où nous marchions encore hier soir. Ici en vacances avec leur petit en bas âge, ils venaient sûrement faire leur pèlerinage obligatoire avec un peu de retard. Si je dis ça, c’est parce que tous les allemands, enfin une grosse majorité, une fois le bac obtenu, prend une ou deux années sabbatiques, pour voyager, et leur destination principale est… l’Océanie, Australie et Nouvelle-Zélande. Pour beaucoup, ils viennent en working holydays Visa, les visas vacances travail, mais il y en très peu qui travaillent. On ne sait pas où ils trouvent l’argent, mais ils l’ont. Donc la nouvelle Zélande en est envahie. Sans compter sur le fait que ce sont des fans de randos également, il y en a partout.

Il y a également beaucoup de français en visa vacances travail, on en a croisé beaucoup. La nouvelle Zélande, comme je l’ai déjà dit, est actuellement « the » place to be…

Après avoir continué notre route, embarqué par une petite grand-mère néo-zélandaise qui revenait d’Auckland (elle y était partie pour fêter un anniversaire, elle avait en fait assisté à un enterrement), nous avons dormi dans un petit camping au milieu de rien.

Le lendemain nous avons continué notre route, deux kiwis nous ont déposés dans une petite bourgade (il y en a beaucoup), et nous avons attendu une petite demi-heure jusqu’à ce que Scott, lui aussi kiwi, nous prennent en Stop. Avec lui, nous n’avons pas eu besoin de faire la conversation, on en a eu pour trois heures de monologues dans sa petite camionnette.

37 ans, tout comme moi, on a tout su de son enfance difficile, de ses problèmes d’addiction qu’il avait eu, mais il en était sorti, nous disait-il, même si il semblait un peu perturbé avec ce débit de parole si intense. Un bon fond quand même, mais bon, vu qu’il avait passé quasiment 6 mois a surfé sur le web, du a ses crises d’agoraphobie, il était tombé sur des sites qui crie au complot.
Pour lui, tout avait été planifié depuis plus de 500 ans pour nous faire croire a tout. Il en était tellement persuadé que ce moulin à parole en était presque convaincant. Quelques exemples en vrac, nous n’avons pas marché sur la lune (car sur les vidéos, on voit pas de trace de cratère au décollage, bon je n’ai pas voulu le vexer, mais il n’y a pas de vidéo du décollage) ; la terre est plate, et il nous a montré la vraie carte de la terre plate sur une photo, là aussi, on ne veut pas nous faire découvrir ce qu’il existe autour de la terre qui est entouré par ce qu’on appelle « le pôle sud ».
Il a aussi parlé des attentats de Paris qui était un coup monté.
Enfin il n’y a pas eu d’holocauste et d’extermination. Il y avait des poignées sur les portes des douches pour sortir, et un espace sous les portes, donc il pouvait sortir s’il y avait du gaz.

Alors pour cette dernière et pour avoir vu Auschwitz à plusieurs reprises, c’est clairement faux. Lorsque on a évoqué cette discussion (enfin façon de parler) à d’autres personnes rencontrées, on a pu nous faire le reproche que ce ne sont pas des choses à laisser passer et qu’il faut débattre ces idées.
Je ne suis pas d’accord avec cela. Il y a des lieux et des moments pour échanger sur ce sujet, et des personnes capables d’échanger sur ce sujet. D’une part nous ne le connaissons ni d’Eve ni d’Adam, qui sommes-nous pour remettre en question ses croyances, aussi fausses soient elles. D’autre part, remettre en question cela peu peut être le mettre hors de lui, on ne sait pas qui nous emmène en stop, et il faut rester sur ses gardes.

On en discutait avec Marie, faire du Stop, est un moyen agréable pour rencontrer des personnes, pour se déplacer, pour visiter le pays, etc… mais ce n’est pas sans risques non plus et prendre ses précautions est indispensable (quitte à refuser parfois à ce que quelqu’un nous emmène en inventant un faux prétexte, ou bien voire même à descendre en route). Mieux vaut échanger et débattre parfois sur des sujets superficiels qu’avoir des discussions de fonds.
C’est comme à Noël, avais-je pu lire dans un article une fois, évitons les sujets qui fâchent (politique, religion, etc.) et continuons à partager ce moment convivial ensemble.
Bref, Scott était quand même un bon gars qui nous à déposer à quelques encablures du centre de Wellington, il m’a donné son adresse mail, et son facebook si je voulais avoir plus de renseignements sur les sujets évoqués. J’ai pris avec un grand sourire et plein de remerciement son bout de papier où étaient griffonnés les renseignements et nous nous sommes quittés cordialement. Le sourire et les remerciements étaient sincères car on apprend toujours des rencontres comme celles-ci, aussi farfelues soient elles, et ce jeune homme nous a quand même amené à destination sain et sauf.

Nous avons ensuite passé une nuit à Wellington, dans une auberge de jeunesse qui ressemblait plus à un foyer de jeunes travailleurs immigrés (français et allemand) en recherche de travail dans la région dans une chambre à 14 lits !

Wellington nous a semblé vraiment agréable comme capitale le peu de temps que nous y sommes restés, très décontractée, à taille humaine comme on l’entend si souvent, peut être qu’une journée de plus aurait été sympa, mais voilà, nous avions le bateau le lendemain, pour commencer un autre Great Walk, le lendemain, Abel Tasman Coast Track, une randonnée de 5 jours sur la Côte Nord-Ouest, de l’ile du Sud.