Nous voici donc en Nouvelle Zélande, sur le bateau entre l’ile du Nord et celle du Sud.

Cela n’a priori pas de sens, ou en tout cas il y a un « trou », entre les chutes d’Iguazu, en Argentine, et ici.

En effet nous sommes passés avant cela par les missions jésuites, Buenos Aires, La patagonie, les Iles Chiloé (au Chili), Concepcion où nous sommes allés voir un ami et sa petite famille, Valparaiso également au Chili, qui est vraiment unique en son genre, et ensuite Santiago du Chili où nous nous sommes rapidement arrêtés avant de prendre l’avion pour la Nouvelle Zélande. Bon ce « trou » est en grande partie dû au fait que nous nous sommes fait voler quelques affaires, et que cela nous a pris un peu de temps pour tout récupérer, cela a eu lieu juste avant de commencer la Patagonie.
Bref, un petit mot pour chacune de ces petites étapes avant d’atterrir à nouveau en Nouvelle Zélande.

Les missions jésuites tout d’abord, située dans la province du Nord appelée elle aussi « Missions ». Aller voir les missions avait pris assez d’importance dans ce voyage pour plusieurs raisons.
La première est due dans la génération qui nous précède, un des enfants, souvent l’ainé de la fratrie, devait la plupart du temps s’engager, même si je doute de la bonne tenue de ce verbe ici, en tant que missionnaire. Il partait ainsi dans les DOM, les TOM, ou encore vers des territoires reculés tel que l’Asie, l’Amérique du Sud, l’Afrique. L’un de mes oncles a été missionnaire un temps d’ailleurs. Un grand oncle l’avait été également, et avait depuis refait sa vie aux États-Unis.
Une autre raison est la mauvaise image que notre génération en a. Souvent les missionnaires sont plus ou moins comparés à des conquistadors qui imposaient, la langue, la culture, les chants religieux et tutti quanti. Bref, pas très glorieux tout ça.
Enfin, le film Mission de 1984 (je crois) et son histoire prenaient place dans cette région où les missions étaient nombreuses entre le 16eme et le 18eme siècle. Ce film raconte l’affrontement entre De Niro (tout jeune à l’époque) en conquistador sans scrupules et Jeremy Irons jeune missionnaire naïf et plein d’espoir protégeant la veuve et l’orphelin, enfin plus exactement les indigènes Guarani. (pour info, la première scène a été tournée a Iguazu) Je vais faire court, même si le film est un peu romancé, ce qu’il s’y passe est, plus ou moins, le reflet de ce qu’il s’y passait.
Pour ceux qui ne l’ont pas vu, vraiment un très bon film, et pas besoin d’aller en Argentine pour apprécier le film. Pour l’histoire, les Guaranis de la région et des différentes tribus étaient rassemblés dans des « réductions » (ou missions) afin de les évangéliser plus facilement.
Les jésuites juraient obéissance aux papes, donc comme le pape avait dit rassemblait les, ils l’ont fait. D’un autre côté, ces territoires étaient situés sur les terrains que les espagnols étaient en train de conquérir.
Le gouvernement espagnol avait alors donné l’ordre que dans les missions la langue officielle soit l’espagnol. Les missionnaires les rassemblaient donc, et avaient pour objectif de les évangéliser et en espagnol. Bref, oubliez ce que vous avez appris et apprenez la parole de Dieu.

En fait, les missionnaires ont fonctionné un peu à l’envers en profitant des failles du système qui leur était imposé. « Ils développent une nouvelle manière d'évangéliser les Indiens : maîtrise et promotion des langues indigènes, étude et préservation des coutumes locales, mise en place d'une organisation sociale et progrès économique des communautés autochtones » (je lisais un article sur les missionaires et j’ai trouvé cette phrase beaucoup mieux écrites que les 20 lignes d’explication que j’avais mis avant, donc j’ai triché pour la citation sinon personne n’allait comprendre un traitre mot)
 
En gros, a part chanter des chants grégoriens le matin, il n’y avait pas beaucoup d’évangélisation. Avec l’aide des missionnaires, ils cultivaient à nouveau et avaient des ateliers de confections d’artisanat divers qui leur permettaient beaucoup plus facilement de subvenir à leurs besoins.
Bon on peut se dire que cela fait un peu zoo, car ils continuent à vivre, mais enfermés. Certes, mais à l’extérieur de ces réductions ils étaient en danger, car les conquistadors ne leur faisaient pas vraiment de cadeau : c’était littéralement marche ou crève.
Donc après réflexion, la mission la plus aboutie et la plus importante a été la protection de cette population et de sa culture, considérées alors par les gouvernements comme sauvages. Cela n’a pas empêcher tout cela de mal finir, à un moment donné, il a fallu définir les frontières, entre le Brésil, l’Argentine, la Bolivie et le Paraguay, exactement ou se situaient toutes ces missions.
Donc elles ont toutes été pillés, les missionnaires sont rentrés en Europe pour la plupart, et les indigènes dans la forêt amazonienne (les conquistadors s’étaient assez calmés).
Les indiens ont perdu beaucoup au final, en termes de population, de culture, de fonctionnement, de tribus, mais une partie de ce qu’ils avaient dans leur gène avait été sauvegardé. Les missions ont été donc abandonnés, et la végétation a repris le dessus.
Ce n’est que récemment vers 1900 et des poussières, qu’elles ont été redécouvertes et que l’histoire c’est de nouveau intéressé aux missions.

En tout cas, cette petite visite était vraiment très instructive et nous a fait changer d’avis sur le rôle des missionnaires à l’étranger.

Encore une fois le film Mission est vraiment très bien. (Après vérification, c’est 1986 et palme d’or à Cannes).

Bon visionnage