De Bagan à Hsipaw pendant le nouvel an bouddhiste .

C’est au petit matin que nous arrivons à Bagan, mal réveillés et alpagués par plusieurs chauffeurs de taxis. Nous retrouvons nos copains de Colombie et optons pour rejoindre la ville de Nyaung U en calèche. Bagan est un lieu entouré d’environ 3000 pagodes (certaines toutes petites et d’autres assez impressionnantes). Il y a trois villes entourant ces pagodes, le vieux Bagan, le nouveau (forcément si il y a un vieux) et Nyaung U, la plus abordable pour y loger.
Il doit être à peine 6 heures, la chaleur est déjà bien présente et forme comme une brume qui ne permet pas de voir grand-chose. Autant dire que la journée qui suit n’est pas des plus productives après cette nuit en bus. Une fois terminé notre nuit, on essaye d’organiser les prochains jours. Nous sommes en plein dans les vacances birmanes et donc toute la vie semble être ralenti. La plupart des transports et des enseignes sont fermés et nous allons connaitre pendant les quatre prochains jours le nouvel an bouddhique c’est-à-dire la fête de l’eau.
Du 12 au 16 avril, les birmans célèbrent Thagyamin, le roi des nat (un nat est un esprit), qui selon la légende serait venu sur terre pour bénir le peuple avec une jarre d’eau afin de le purifier de tous ses maux. Nous voilà donc averti de sortir couvert pendant cet évènement.

Pour nos deux prochains jours de visite du site nous décidons pour notre bien-être de louer un scooter électrique. Bien- être car il fait encore plus chaud qu’à Yangon, et que l’air est tellement sec que sortir en plein après-midi est irrespirable, donc pas de vélo, et pas de marche, un peu d’air en scoot ne nous fera pas de mal. Nous arpentons donc pendant ces deux jours temple après temple, pagode après pagode. Le site est vaste, on s’y perd, on est parfois seuls, parfois pas. Certains temples semblent laissés à l’abandon, d’autres très touristiques, certains ont de jolis peintures de bouddha à l’intérieur, d’autres sont habités par des familles et un cochon !
On enlève systématiquement nos chaussures avant de rentrer ou de monter dans un temple. On essaye de voir un lever et un coucher de soleil, trop de brume, on ne verra rien.

Bagan ça reste pour nous un drôle d’ambiance. Outre le côté spirituel, on y rencontre quelque chose de nouveau et d’inhabituelle pour nous ; on se fait prendre très souvent en photo. Comme ce sont les vacances birmanes, la grande majorité des touristes sont des locaux et encore une fois on les regarde autant qu’eux nous regardent. Et parfois, on se fait arrêter pour une photo, un selfie. Marc rencontre davantage de succès avec sa taille et sa barbe, et on se prête au jeu. On se dit que c’est une bonne chose tous ces regards et ces photos pour l’estime de soi ! Les gens font ça avec le sourire, en gloussant même parfois. C’est communicatif, on sourit et on glousse nous aussi maintenant.

 Après ces deux jours à Bagan, nous faisons l’aller-retour dans la journée pour visiter le Mont Popa, qui se trouve à une cinquante de km. C’est un temple niché en haut d’une colline. Ça semblait spirituel avant d’arriver. Finalement ça a été davantage un pèlerinage de Disneyland en famille, bruyant et sale. Oui, vacances birmanes obligent. Le Mont Popa, c’est sale, très sale, les singes qui squattent ont bien raison, il y a de la nourriture et des déchets à foison (et du coca !). Mêlé à cette ambiance où abondent les boutiques de souvenirs au pied de la colline, le côté spirituel est vraiment très loin. En même temps on n’y allait pas non plus pour ça !
Comme à Bagan, nous nous retrouvons plusieurs fois sur les photos. Cette visite était intéressante pour voir le nombre de birmans de tous âges qui montent pour prier et font des donations au temple, tous à la queue leu leu, pieds nus, en train d’éviter de marcher dans une crotte de singe. Le Mont Popa est curieux mais pas transcendant.

 Le lendemain, nous quittons Bagan avec Laure et Shank pour Mandalay, plus particulièrement Pyoon lin. Il y a finalement des trains qui circulent pendant le water festival. Départ à 7 heures du matin pour une durée d’environ 8 heures environ, pour faire 200 km. On nous demande d’arriver un peu plus tôt, c’est-à-dire à 6 heures pour prendre les tickets, qui nous coûteront un peu plus d’un euro par personne. Si seulement la SNCF pouvait pratiquer les mêmes tarifs. Après tout est relatif, ici le salaire moyen pour un fonctionnaire oscille entre 60 et 70 euros par mois. C’est très peu en effet, surtout que c’est honnêtement notre budget pour trois- quatre jours. Tout de suite on peut donc mettre ce pays, dans la catégorie de pays pauvre. Mais ce n’est réellement pas l’impression qui en ressort, ni pauvre, ni malheureux, bien au contraire. Ils sont si souriants ici.

 Nos heures dans le train sont passées assez vite justement avec tous ces sourires. Dès qu’on croise le regard des personnes petits comme grands (et même les ados d’ailleurs) après l’étonnement vient un grand mingalaba (bonjour de chez eux) suivi d’un grand sourire qui ferait fondre un iceberg. La palme d’or reviendra pour ma part à cette petite fille dans le train (celle qui sort la tête par la fenêtre sur les photos). Après nous avoir aperçu, elle en est restée bouche bée, Retenant sa respiration et ne pouvait sortir aucun son… juste un grand sourire… Comme tous les autres…

Bon j’exagère un peu, on aura eu deux déconvenues pendant notre séjour en Birmanie. Tout d’abord un jeune homme bien éméché qui voulait absolument nous prendre en photo. On a compris ce qu’il voulait en nous faisant le signe avec ses mains. Le seul problème c’est qu’il n’avait pas d’appareil photo. Donc c’est bien gentil de prendre des photos avec ses mains, mais pas de photo sans appareil. Au bout de dix minutes on a dû mettre un terme au petit manège, ce qui l’a un tant soit peu agacé.
Le second, est lorsque nous sommes arrivées avec Marie en scooter dans un petit village de pêcheur. Nous suivions une petite camionnette qui emmenait dans sa remorque cinq, six gamins de 5 à 10 ans à la louche. Comme à leur habitude ils nous crient tous des « hello » , ou des « bye » (ce qui veut dire au revoir en anglais mais ça ils ne le savent pas, tous les enfants font la même erreur) . Et c’est lorsqu’ils nous font tous des grands signes, que le plus jeune d’entre eux sous ses airs innocents, nous fait un joli doigt d’honneur !... Ce qui nous a quand même bien fait rire.

Bref pour en revenir au train, l’intérêt n’était pas dans les paysages, plutôt arides ici. De plus en cette saison, ils brûlent beaucoup les herbes sèches, ou arbustes afin de faire place nette avant la saison un peu plus humide. Sûrement pour favoriser les cultures, mais nous n’avons pas la main assez verte pour en dire plus. Tout ça pour dire que c’est quand même très sec, tout du moins dans cette région, et les rizières à secs, ce n’est pas ce qu’il y a de plus beau.

Nous sommes alors arrivées à Mandalay, qui est une des quelques grandes villes du pays, grandes villes que nous souhaitions éviter, et notamment pendant le nouvel an où la plupart des boutiques et autres échoppes sont fermés pendant au minimum, une semaine. Nous décidons donc de nous diriger vers une autre petite ville au Nord, avant d’aller dans les campagnes encore un peu plus loin. Nous trouvons tous les quatre un chauffeur de taxi qui ne semble pas être trop alcoolisé. Le nouvel an birman est, pour ça pas si éloigné de notre nouvel an à nous. Négociation du prix et là c’est parti pour 2 heures de conduite sportive avec plein de virages. Pas causant notre chauffeur, plus occupé à mâcher et cracher son bethel rouge, il se monte finalement bien aidant pour nous trouver un hôtel une fois arrivée.
Ce que nous n’avions pas prévu c’est que cette petite ville, Pyonn Lin est très prisée des touristes birmans, et que la plupart des hôtels étaient pleins. S’ils n’étaient pas plein, certains n’avaient pas la licence : licence permettant d’accueillir des étrangers. Donc on s’est vu refuser le gite à plusieurs reprises avant de trouver un hôtel étape pour la nuit assez chère, tenu par des chinois, mais très bien négocié par Marc.
Le soir nous mangeons dans un stand une Shan noodle, composé de nouilles, herbes, épices , bouillon et cacahuètes pour 0,80 CT ( notre plat « valeur sure » de la Birmanie bon et très bon marché ) et nous nous offrons une gaufre dans une patinoire sèche, comme l’appelle Marc, qui est en fait une piste de rollers fréquentée les jeunes du coin. L’ambiance est assez marrante et inattendue, comme notre visite et comme souvent en Birmanie on est accueillie en sourire. On se le répète moult fois par jour, mais ces birmans, qu’est ce qu’ils sont gentils !

Re-train le lendemain, pour pouvoir enfin nous rendre à Hsipaw (Sipaho) où nous resterons quelques jours afin de randonnée et visiter les campagnes environnantes. La distance étaient de 80 km environs jusqu’à destination. Nous avons mis trois heures et demi et avons profiter de ce laps de temps pour goûter tous les petits plats qui pouvaient nous être proposé dans le train. La nourriture Thailandaise est réputée, mais les birmans n’ont pas à se plaindrent non plus. Ici on mange aussi très bien.