C’est donc une nouvelle fois un peu fatigués que nous arrivons au matin à Yangon.

L’entrée sur ce nouveau territoire se passe rapidement bien. Le douanier d’humeur joviale chantonne en nous disant ses deux mots en français : « Bonjour et au revoir ».
C’est ensuite un chauffeur de taxi assez bavard et curieux qui nous donne quelques infos sur la ville et le pays qui nous emmène à notre hôtel. Ce qui nous permet d’avoir un bref aperçu de cette ville.
 Nous sommes restés 5 jours à Yangon et ce qui m’a le plus marqué, et ce dont j’ai envie de parler c’est l’odeur et les gens.

Alors l’odeur car omniprésente.
Déjà à notre arrivée, ça sent la chaleur, cette chaleur que j’avais déjà pu sentir lors de mon voyage au Cambodge avec ma sœur il y a quatre ans. Et en sentant cela, je me suis dit, ça y est, ça sent l’Asie. Enfin l’Asie des pays du sud, car les autres je sais pas encore ce qu’ils sentent. Mais voilà une odeur que je connais.
 Pour la décrire, c’est un mélange entre les poubelles (omniprésente à Yangon) mélangée à la chaleur (il doit faire 40°), et à la pollution dans une ville de 5 million d’habitants.
 Cette odeur, on la sent partout, tout le temps. Le peu de choix qui s’offre à nous, est soit de la détester et s’en plaindre à chaque croisement de rue, entre les stands de nourriture, les poubelles, les détritus, l’eau croupie, soit l’accepter.
Etant donné qu’on va rester plus de 5 mois en Asie, on finit par l’accepte cette odeur. De plus même si ce n’est pas facile tous les jours, notamment avec un soleil écrasant, et que ça prend parfois fortement le nez, cette odeur est une odeur de dépaysement (un peu paradoxale d’être dépaysé avec ces mauvaises odeurs).

Nous avons aussi pris un train circulaire qui faisait le tour de Yangon, en passant par les banlieues, et là dans nos sens, ce ne fut pas que l’odorat qui fut touchée mais aussi la vue. Nous avons traversé des petits villages remplies de déchets, des champs de poubelles, une déchetterie à ciel ouvert comme l’a appelé Marc. On a beau être surpris par cet amoncellement de sacs plastiques, de canettes et autres, on se dit que c’est quand même énorme ces champs entiers de déchets. On se dit qu’il y a quelque chose à faire dans l’apprentissage de la gestion de leurs déchets, notamment dans les champs de céréales et les rivières. Comme en Amérique du Sud, ici il jette tout par la fenêtre, donc ça s’accumule rapidement. Ça viendra petit à petit, car on a pu voir des panneaux « ici zone sans sacs plastiques », mais ça prendra beaucoup de temps, et d’ici là de nombreux sacs plastiques auront été jetés.
Mais bon, on sait que changer des habitudes ça demande du temps dans ce pays tout juste sorti d’une dictature. Après un temps d’adaptation, le nez et la vue commencent doucement à s’y faire, je ne sais pas si on pourrait vraiment s’y habituer, mais on arrive à l’accepter sans mine de dégout, même si parfois ça pique le nez et es yeux.

Après cette description odorante et visuelle, comment décrire les birmans. Alors eux, ils nous font oublier cette mauvaise odeur. Malgré le fait d’être dans une grande ville, on se retrouve confronter à la gentillesse des gens. Et aussi, chose nouvelle depuis le début du voyage, on se fait dévisager par les locaux. On les regarde autant qu’ils nous regardent. Par curiosité, ou peut être faisons-nous partis des premiers blancs (dont un barbu), qu’ils voient. On sent que c’est un pays qui commence à s’ouvrir aux étrangers avec aussi tout ce que ça implique (utilisation je dirais abusive des smartphones). En tout cas, c’est agréable cet échange de regard l’un sur l’autre. Un échange qui commence souvent par un regard décontenancé de leur part et qui ensuite finit avec un énorme sourire.

La plupart des Birmans que nous rencontrons dans le train, notamment dans le « nightmarket » (marché de nuit) où nous allons manger, ne parlent pas anglais. Mais ils essayent de nous parler, ils sont curieux, souriants, ouverts, accueillants. En essayant les mots usuels dans leur langue (on en est à bonjour et merci), ils se montrent ravis et essayent ensuite de nous parler en Birman. Un peu trop difficile pour engager une vraie discussion.
 On s’y sent déjà bien dans ce pays, alors que Yangon est une grosse ville sans beaucoup d’intérêt à part la pagode Shwedagon qui est magnifique (le grand truc doré sur les photos), la ville reste dépourvue de lieux de vie, notamment nocturnes tels que des bars et des restaurants.
On ne voit pas non plus quels sont, pour les habitants de Yangon, leurs loisirs. On ne les voit pas jouer dans la rue, pas de lieux spécifiques pour se retrouver, à part peut-être un cinéma et le nightmarket où il y a essentiellement des stands de nourriture.

 A la base, on devait y rester 4 jours, mais le nouvel an du calendrier bouddhiste nous a bloqué une journée de plus à Yangon. Le nouvel an bouddhiste implique les vacances pour les Birmans, la fête de l’eau (plus de détails au prochain article), donc les bus sont pleins et la vie semble être au ralenti pendant cette semaine.
Après 5 jours à Yangon ou on se balade un peu, on transpire beaucoup, on mange des noodles (nouilles chinoises), du riz et des pinces de crabes. On part ensuite pour Bagan en bus de nuit. Il nous faudra presque 3 heures en taxi pour rejoindre la gare routière située à une trentaine de km du centre, et en arrivant enfin dans cette fourmilière géante qui nous rappelle les gares d’Amérique du Sud, on retrouve un couple de français, Shank et Laure, avec qui on avait sympathisés à San Augustin en Colombie. C’est assez improbable de se retrouver là, on reste surpris tous les quatre. Nous allons dans la même direction, on se retrouvera le matin à Bagan.