Après quatre heures de bus depuis Potosi, nous arrivons à Uyuni.

Les routes ont été refaites dans cette partie de la région. Conclusion, les trajets que l’on effectue son bien plus cours, divisés par deux. Et cela a pour conséquence qu’au lieu de faire certains trajets de nuits (comme par exemple départ 23h00 et arrivée à 5h00), ces trajets se font la journée. Ce qui est bien c’est que à l’arrivée nous sommes moins fatigués. Surtout, le plus intéressant dans l’histoire c’est que nous pouvons vraiment profiter des paysages qui sont réellement grandioses. Plusieurs fois Marie qui a le sommeil facile s’est empêché de dormir. Faire trois quatre heures de bus sur les hauts plateaux entre 3500 et 4000m en met plein les yeux. Les photos ne rendaient rien à travers les vitres (souvent très sales) des bus. On essaiera quand même de se rappeler des étendues de prairie verte et quelques peu marécageuses ou des milliers (sans exagérer) de lamas, vigognes, alpagas, accompagnés de quelques vaches et moutons égarés, sont en train de paitre. Avec en second plan, ces montagnes dénuées de végétation, où l’ocre et le marron se mélangent sous un ciel d’un bleu profond et où quelques nuages semblent eux aussi égarés. (je sais c’est du poétique moche, mais il était tard) On se sent réellement plus près du ciel ici et réellement tout petit.

Le bus s’arrête parfois pour prendre ou déposer quelques villageois. Mais je ne sais pas si on peu parlé de villageois, car souvent ils sont pris ou laissés au milieu de rien. La dernière maison était dix kilomètres en amont sur la route et la prochaine sera surement dix kilomètres plus loin. Il n’y a pas de chemin. Où vont-ils ? Combien de fois nous nous sommes posés la question : Qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire au milieu de rien ? On ne saura jamais d’où ils arrivent et où ils vont. Etrange sentiment de ne pas leur trouver de repère (dans tous les sens du termes) au milieu de ses paysages sans habitations.

Bref nous voici à Uyuni, à peine descendu les agences nous proposent hôtels et excursions. Bien sûr dans cette ville au milieu du désert, tout plat, et aux portes du Salar, les gens viennent ici pour ça. Uyuni est une toute petite ville, qui au départ n’était là que pour extraire le sel et le redistribuer au niveau national (c’est toujours le cas, le sel ne va pas à l’exportation). Et puis, une ou deux personnes ont dû trouver cela joli et en ont fait un spot à touristes. Peu importe dans cette petite ville, la rue ou l’on se trouve, on aperçoit à chaque fois ces extrémités balayé par les vents sableux du désert qui l’entourent (je sais, je sais il est toujours tard).

Donc ça y est on a notre agence, sur les 125 présentes en ville (!) et le départ est le lendemain pour trois jours et deux nuits. Bon tout ne se passe pas comme prévu et le lendemain, le voyage est annulé car nos compères de jeep sont malades. Et si la jeep n’est pas pleine cela ne vaut pas le coup pour l’agence (normalement 6 par jeep au minimum, même si certaines tassent une autre personne dans le fond pour gagner un peu plus de sous sous).
L’agence nous paye l’hôtel, et nous voilà scotcher ici où rien ne donne réellement envie d’y rester. Coup de bol, nous retrouvons une amie de Marie de Lille, Claire, qui vient d’arriver en Bolivie et voyage pour 3 mois avec son ami. Nous passons donc l’après-midi avec eux à échanger de tout et de rien, rejoins par quelques compagnons, américains, qui était avec eux lors de leurs tours, et un autre français, Ludo, ami de cette dite compagne de Lille qui lui aussi se retrouvait là par hasard. Très bonne ambiance, et très belle parenthèse, qui nous fait largement passé l’attente que nous appréhendions auparavant. Il se trouve que Ludovic, nous rejoindra le lendemain sur notre tour dans le Salar.

Donc, nous partons cette fois pour de bon à deux jeep en direction du Salar. Dans la voiture, un israélien, un irlandais, deux argentines et nous deux. Tout cela accompagné par un guide, de 26 ans, totalement inexpérimenté qui avant même le premier kilomètre se perd, et demande aux passants la direction pour le cimetière des trains. Autant dire qu’il était plutôt avare en explications celui-ci.
Il nous en donnera quelques-unes le lendemain, sur ses conditions de travail. La voiture, c’est la sienne, les réparations c’est donc lui qui les paye, tout comme l’assurance (quoique je ne suis pas sûr qu’ils en ont une ici).  L’essence c’est également lui qui la paye. Les repas qui nous sont préparés le midi, et le soir dans les auberges ou sur la route, il les paye également. Donc ils y tiennent à leur voiture, et que toute réparation est souvent bricolée afin de ne pas avoir à payer des frais supplémentaires. Notre roue arrière gauche avait un petit trou. Donc de temps en temps le soir et parfois dans la journée, il sortait sa pompe (qui aurait était plus adapté à un ballon de foot qu’à un pneu, puis il gonflait sa roue, de 4x4). L’autre jeep est tombé en rade également le deuxième soir sur la route, au niveau du fil d’accélérateur, plusieurs fois. Arrêt au milieu du désert, quelques coups de marteau sur le fil, et cela repartait. Bref, on ne répare pas ici, on bricole. Donc tous ces frais, déduisent de ce que nous payons à l’agence font qu’il ne lui reste pas grand-chose. Sur après la centaine d’euro que nous payons à l’agence, il en a à peu près un tiers. Dont plus de la moitié est dépensée pour travailler. Il lui reste un peu plus d’une dizaine d’euros. L’agence elle, en récupère entre 60 et 70 par personne sans rien faire. Voleur !
Voilà les meilleures explications que nous ayons eu pendant le tour, car le deuxième guide, un peu plus âgé, en fin de carrière dirons-nous du haut de ces 50-60  balais, en avait un peu rien à faire. 30 secondes d’explications, nous intimant l‘ordre ensuite de prendre des photos, car cela faisait passer le temps sur les sites plus vite. On a préféré en rire avec notre groupe. Car on a beaucoup ri et cela rend réellement un voyage merveilleux.

Nos deux pépettes argentines dans le fond de la jeep avec leur oreiller en mousser rose fluo étaient en fait officiers dans l’armée argentine depuis dix ans et avaient donc du répondant face à notre ami israélien qui avait un avis sur tout, mais surtout un avis, et l’irlandais qui voyageait depuis 4 mois en Amérique du Sud, et qui, malgré de bonnes lacunes en espagnol, gardait son humour très british, décalé et osé qu’on connait aux Anglos saxons. Je me répète, mais oui les paysages sont réellement plus beau quand la bonne humeur est présente.
Alors en plus quand ce sont ces paysages-ci qui se présentent, l’émerveillement est au rendez-vous. Impossible à décrire.

Le Désert de Sel est immense (80km de long à l’endroit le plus étroit) et juste immaculé (quoique les routes ont su laissé la gomme des pneus à certains endroit, mais cela est rare et vite oublié.) D’ailleurs pour la troisième année le Dakar y passe (Alors désolé mon petit benoit, mais les courses automobiles je n’y trouve pas d’intérêt, mais dans des endroits si beaux, je trouve cela complètement "@!*#" ! , PS : tu n’y es pour rien ; p)

Et après un coucher de soleil dans le désert de sel, suivi d’une nuit dans hôtel de sel, le lendemain les lagunes se font la compétition pour savoir qui sera la plus belle, la plus grande avec le plus de couleur. Bon c’est la dernière qui gagne avec ces 15 à 20 mil flamands et ces couleurs qui vont du noir au rouge en passant par le vert et le blanc.

Le soir, après avoir vu quelques geysers naturels, un bain d’eau chaude naturel était possible, sous un ciel sans nuage et sans lune au départ, illuminés de milliers d’étoiles. Une bière à la main, un cours sur 5/6 constellations par notre ami israélien (qui avait pris le soin d’apporter un star-laser (petit laser permettant d’éclairer les étoiles), un levé de Lune tout orangé vers 23h00, tout cela toujours dans la bonne humeur. Bref un souvenir, surréaliste, inoubliable, mémorable.

Le lendemain départ assez rapide pour aller voir le désert de Dali. Appelé comme cela car il fait penser à une de ses peintures. C’est notre guide mi retraité qui nous l’a dit. Quand on lui a confirmé que cela ressemblais réellement à une de ces peintures, et qu’on lui a demandé si il avait vu cette peinture, il a répondu par la négative. Voilà un peu le niveau d’explications et d’intéressement de la personne en question. Bon, on ne peut pas lui en vouloir de ne pas se mettre à la retraite, car il y en a pas ici, mais quand même.

Suivi d’une dernière lagune, verte (mais là ça dépend du temps et de l’heure de la journée). On va dire mi verte, mi marron, ça passe, et où on a croisé un petit renard. Ensuite rendez-vous à la frontière avec le Chili au milieu de nulle part. Pas de village avant, et la ville de San Pedro de Atacama, elle aussi au milieu du désert, est à 45 km, 2000m en contre bas des plateaux ou nous étions.

La moitié du groupe, sur les deux jeeps, va au Chili, l’autre retourne a Uyuni. Nous sommes donc accompagnés dans ce nouveau pays par l’israélien, l’irlandais, Ludovic toujours présent, et un Espagnol, avec lesquels nous poursuivrons l’aventure encore quelques jours, toujours dans la bonne humeur.

Voilà pour Uyuni, son désert, ses plateaux, ses volcans, ses lagunes, ses flamands, Une redécouverte pour ma part, une découverte pour Marie, riche, extrêmement riche même, en paysages, en rencontre et en émotions. Ça nous restera longtemps.