Si je mets ce titre c’est parce que j’y suis passé il y a quelques temps. 13 ans exactement. Et donc je ne peux pas m’empêcher de faire un comparatif et d’avoir le sourire aux lèvres.

Une fois que le prix dans les bus, taxis ou autres sont négociés, les langues se délient facilement et c’est bien agréable. Qu’on soit assis avec le chauffeur devant ou tout derrière avec le papi du village on peut discuter de tout. La conversation commence souvent par « de que pais usted ? » (De quel pays vous ?) …. Suivi d’un « Ah Francia ! »… Alors ils cherchent tous à nous ressortir ce qu’ils ont appris de la France à l’école, des clichés qu’ils connaissent… Exactement comme lorsque nous de notre côté on rencontre un étranger : un écossais on lui parlerait du whisky et du loch Ness, un allemand de la bière, un brésilien de foot et de Ronaldo ou de Pelé, ou encore un chinois de sa muraille…

Alors ils connaissent pour beaucoup la marseillaise qui est un « super hymne », j’essaye de leur expliqué qu’il est parfois un peu sanglant, mais c’est compliqué… Ils ont aussi tous entendu parler de nos attentats, et ils ont tous compris qu’on n’avait pas de bol d’avoir des fous parmi nous… Et on sent une pointe de solidarité ou de compassion dans le discours... et puis il nous parle de notre président aussi : Sarkozy (on se rend compte alors qu’il a bien trop fait parler de lui le petit bonhomme) … Hollande ? connaissent pas. Rien qu’avec ces trois sujets il y a de quoi discuter…  mais il y a aussi de quoi rebondir et échanger parfois pendant plusieurs heures sur leur situation, leur travaille, leurs familles, les enfants, l’éducation, l’agriculture, la nourriture.

Avec un chauffeur de collectivo, on a justement parler de mariage et de ce qu’on y boit, et de ce qu’on y mange. D’un côté des centaines de caisses de bières, et de l’autre des dizaines de caisses de vins (j’ai essayé d’introduire le trou normand mais c’est pas passé). Il a de son côté cité le cochon d'inde comme étant le plat de fête et de notre côté ce n’est pas passé non plus. Si un jour vous le souhaitez Marie pourra très bien vous faire le cochon d'inde dans l’assiette.

Là aussi un sujet récurrent et qui leur touchent beaucoup c’est l’argent, comment ça fonctionne par chez nous, parce que de leur côté ils se sont bien fait entuber par les politiques et la corruption est bien présente, ils ne sont pas dupes. Leur ancien président est en prison, et le nouveau est pas beaucoup mieux. Alors on essaye de les rassurer et de dire que chez nous aussi c’est pourri, mais ça marche moyen. Voici un point en ce qui concerne les grandes conversations « sérieuses » que l’on a avec eux.

D’un autre côté il y a l’humour. Lors des petites interactions.  Ce n’est pas le même que chez nous, ils sont plus « premier degré », parfois moqueur, mais il faut s’y faire. Entre eux ils se donnent souvent des surnoms qui seraient pour nous péjoratifs (pour eux ça ne l’est pas). Il peut y avoir le gordito (petit gros), le flaco (le maigre), el chino (le chinois), voilà pour les plus softs, d’autres sont un peu plus crus, mais cela fonctionne comme cela ici.


Puis ils aiment bien blaguer. Après ils en font des caisses. De notre semaine avec les guides en Amazonie, lorsque Marie ou moi-même faisions une blague, nos deux guides (qui ne nous ont pas quittés pendant 7 jours) tout d’abord rigolaient une première fois, ensuite ils répétaient la blague une seconde fois, pour ensuite rigoler à nouveau. Ce qui nous faisaient rire, et les faisaient encore rire. Donc pas compliqué dans cette ambiance de se trouver de bonne humeur. C’est agréable de pouvoir échanger, rigoler de manière assez légère ici.

Une autre chose qui n’a pas changé ici, et cela est bien logique, ce sont les paysages. Sur un seul pays, il y en a pour tous les goûts. Nous avons dû nous arrêter sur la route après le passage de frontière, le long du pacifique, pour pouvoir ensuite atteindre les montagnes et les paysages changent vraiment du tout au tout en quelques heures de bus. Du sec à l’humide, du très chaud au très froid, etc…

Petit cours de géographie péruvienne rapide :
La situation du Pérou au niveau des tropiques additionné avec la chaîne de montagne de la Cordillère des Andes (plus longue chaîne de montagne au monde) donne une topographie du pays assez unique. Au niveau de la ligne de l’équateur, le soleil tape plus, l’eau des océans s’évapore, et les vents poussent alors vers le sud en direction de la cordillère des Andes. Sauf que c’est tellement haut que les nuages sont bloqués. Pour pouvoir passer ils doivent s’alléger. C’est alors qu’il pleut. Parfois beaucoup plus à l’est de la cordillère. Mais vraiment beaucoup, et pendant plus de 6 mois, environ. (Pour infos, il est censé pleuvoir au niveau des tropiques, 250 jours/an) mais bon comme vous le savez y’a plus de saison!  Toute cette pluie alimente ainsi le bassin amazonien qui s’étend du Nord de la Bolivie, jusqu’en Colombie en couvrant la majorité du Brésil. Donc beaucoup, beaucoup, beaucoup de végétation du côté Est. De l’autre, eh bien la pluie n’est pas passée, ou très peu, et ‘on se retrouve avec une région désertique très chaude et parfois montagneuse (la cordillère des Andes est également très large). J’espère que je ne vous ai pas perdu et pas trop saoulé avec cela. J’en ai fini.

Donc pour faire simple, on en prend plein les yeux ici, et Marie a dit plusieurs reprises « c’est époustouflant » et parfois j’ai aussi utilisé « c’est vraiment trop beau ». On ne parle pas du tout comme ça d’habitude.
Donc nous avons dû nous arrêter au Nord du Pérou le long de la côte une journée pour ne pas avoir à se taper 2 jours de bus. La route que nous avons suivie est la panaméricaine qui part des États-Unis jusqu’au Chili.  Au Pérou, elle longe la côte du Nord au Sud, et les paysages sont ici une alternance de montagnes arides (sans aucune végétation, de petits déserts, de dunes de sables). C’est beau mais peu varié surtout lorsque c’est le paysage que l’on voit pendant plusieurs centaines de kilomètres.
Bref, nous avons fait une petite halte, pas le choix. Heureusement il y a quand même des activités sur la côte, et nous avons pu profiter de la plage un petit peu. Surtout nous avons eu l’occasion de nager avec des tortues. Des grandes tortues. Des très grandes. Donc pour dire que c’est bien mignon, mais c’est tellement énorme que ça peut faire peur, surtout quand tu es entouré d’une petite dizaine qui cherchent à bouffer et qui, enfin c’est l’impression que nous en avons eu, sont complètements miros… elles n’arrêtaient pas de nous rentrer dedans. Idiotes… Donc c’est très joli mais quand même bien gros.


Après cette halte sympa mais rapide, nous avons donc filez jusqu’à Huaraz, ville centrale pour la cordillère blanche. Nous avons été tous les deux soufflés par l’immensité des paysages. Des sommets tout autour dont la majorité dépassent largement les 5000m, tous enneigés, surplombant des glaciers tous plus énormes les uns que les autres. Alors on en a profité pour randonnée, un jour, puis un autre jour pour s’acclimater, puis une dernière de 4 jours.
Alors l’acclimatation à l’altitude c’est plus qu’important. On a beau s’y être acclimater en Equateur, eh bien ici, rebelote. Nous avons croisé plusieurs touristes qui dès leur premier jour à Huaraz ont commencé une randonnée. Malades ils étaient, malades ils resteront. Nausées, maux de ventre, maux de tête, et puis on a beau redescendre, ça fait du bien, car on a un peu plus d’oxygène une fois plus bas, mais ça ne change pas grand-chose, il faut se reposer. Le lendemain on se dit que ça va mieux, alors on repart, et c’est encore bien pire. Conclusion, on se force, on est malade, on apprécie pas du tout, alors qu’il aurait été bien plus simple d’attendre. Certes pour certains les vacances sont plus courtes, mais cela ne doit pas empêcher de prendre son temps. (En plus c’est écrit partout « prenez le temps de vous acclimater quelques jours ! »).

Enfin bon c’est ce que nous avons fait mais randonner en haute altitude nous a quand même bien secoué parfois. Surtout lorsqu’il y a 5 heures à monter pour atteindre un col à 4800 avec 15kg sur le dos. Eh bien on a pris le temps, on a soufflé, pour pouvoir y arriver, et on a rien regretter. L’altitude coupe le souffle, les paysages aussi. On a essayé de faire des vidéos et des photos pour essayer de partager mais ce n’est pas si facile. Très difficile de décrire ces montagnes en tout cas qui nous font à la fois sentir tout petit, sans nous écraser, où la beauté, le silence, les couleurs rendent l’esprit serein et facilitent l’effort demandé au corps (je suis vraiment pas un poète en fait).
C’est beau tout simplement.

Ensuite nous sommes descendus sur Lima, sans s’y arrêter, pour prendre l’avion et se rendre dans la selva péruvienne, la jungle. Avion jusqu’à Iquitos. Puis bateau, pendant 100km en descendant l’Amazone, juste magnifique. 

Nous sommes donc passer de la côte pacifique et désertique du nord du Pérou, puis à la montagne, où lors de nos randos la température descendait au-dessous de zéro (notre tente était gelée le matin), pour ensuite se rendre dans la jungle où il fait largement plus de 30 degrés avec un taux d’humidité avoisinant les 90%.
Ces changements de paysages accentuent la force des sensations ressenties, en moins de 3 semaines.

Puis nous avons repris l’avion pour les environs de Cusco, ville qui en met plein la vue, comme ses environs, imprégnés de la culture des incas ainsi que de l’époque de nos chers conquistadors.

Nous y sommes presque à la fin de ce Pérou magnifique et ils nous restent à aborder la ville coloniale d’Arequipa et les bords du lac Titicaca (qui a également une partie en Bolivie).

Marie vous en dira plus sur la jungle et nos ressentis (là aussi difficile à exprimer), elle vous racontera nos sorties péruviennes dans la vallée des incas, et vous donnera aussi ses impressions sur le Machu Picchu où elle est actuellement.

En attendant, c’est clairement le pays qui jusqu’ici nous a impressionné le plus au niveau de ses paysages si diversifiés. Et je le répète on en ait vraiment soufflé.

Alors de ce point de vue-là, le Pérou n’a pas changé… et il ne changera pas…  et ça, c’est tant mieux…